L’Afrique du Nord est une des régions les plus sèches au monde. En Tunisie, la rareté de l’eau se manifeste surtout dans la partie centrale du pays. Par exemple, dans le gouvernorat de Kairouan (Al-Qayrawan), 150 km au sud de Tunis, les agriculteurs manquent d’eau pour l’irrigation de leurs cultures et dans certains secteurs les sources d’eau potable sont même asséchées.
Comment l’approche dialogique peut-elle améliorer la situation ?
Dans la région de Kairouan l’administration publique et les agriculteurs sont actuellement en désaccord et souvent s’accusent mutuellement d’être à l’origine du problème du manque d’eau. Les uns parce qu’ils seraient des mauvais gestionnaires de la ressource, les autres car ils consommeraient l’eau d’une manière inefficace. Dans une telle situation de manque d’entente, un dialogue entre parties prenantes offre la possibilité de transformer les différences en une discussion constructive sur les solutions possibles en vue d’établir une collaboration sur des thèmes concrets.
L’idée du Forum de l’Eau
C’est cet esprit de collaboration que le Forum de l’Eau à Kairouan veut renforcer. Le Forum est un processus d’engagement pour préparer le terrain à des rencontres et des réunions thématiques entre l’administration, les agriculteurs, les associations d’usagers de l’eau ainsi que d’autres acteurs concernés par le thème de l’eau. Dans une première phase les agriculteurs d’une certaine communauté se rencontrent entre eux pour discuter leurs stratégies, bonnes pratiques afin d’économiser l’eau d’irrigation dans l’agriculture ainsi que leurs positions par rapport à la rareté de la ressource. Ensuite, ils choisissent des représentants pour entrer en dialogue avec l’administration et discuter des solutions et stratégies envisageables, par exemple des techniques d’irrigation, des cultures moins consommatrices ou la distribution équitable de la ressource dans la région. Vers la fin de l’année une première conférence du Forum aura lieu pour trouver un terrain d’entente sur ces thèmes et sur la façon de travailler ensemble. Cette conférence sensibilisera aussi la population sur la thématique de la rareté de l’eau. Il est envisagé que les participants du Forum signent une Charte de l’Eau, un accord qui engage tous les acteurs à une la bonne gestion et meilleure utilisation de la ressource dans la région.
Que sera l’impact du Forum ?
Le Forum de l’Eau est un processus participatif qui vise à susciter de l’engagement des différents acteurs pour une meilleure gestion de l’eau. De plus, il sensibilise la population et les institutions sur la problématique de la rareté de l’eau ainsi que sur la nécessité de changer les états d’esprit et les comportements par rapport à l’usage de cette ressource précieuse. Une condition de la réussite est que les agriculteurs, l’administration et les autres parties prenantes s’engagent à long terme dans ce processus car ils reconnaissent les avantages d’une telle coopération. Pour cela le Forum de l’Eau devra produire des résultats concrets et institutionnaliser la collaboration multipartite. Le rôle du Collective Leadership Institute et du programme AGIRE (Appui à la gestion intégrée des ressources en eau) de la Coopération allemande est de manier les enjeux différents, mais nous sommes prêts à les aborder !
Le CLI est en train de constituer le Forum de l’Eau à Kairouan sur mandat de la Coopération allemande (GIZ) et du Ministère de l’Agriculture en Tunisie.
*Image Source: google maps and Collective Leadership Institute